Sept organisations syndicales appellent à une journée de grève le 17 septembre [1]. (septembre 2020)

« La question de l’emploi est centrale » pour les sept organisations, qui énumèrent leurs revendications : « lutte contre la précarité et la pauvreté, hausse des salaires, développement des services publics, abandon définitif de la réforme des retraites ».

« Il est également temps d’en finir avec les aides publiques de toute nature dont bénéficient de grandes multinationales sans contrepartie et contrôle d’utilisation », ajoutent les syndicats. 

Force ouvrière, ne s’associe pas à cet appel mais rejoint une large partie de leurs positions, estime « indispensable » que le plan de relance « conduise au maintien et à la relocalisation d’industries … »

Pourtant, étrangement, lors des manifestations en France aucun syndicat ne cible :

- le véritable responsable de la casse des services publics et de nos délocalisations : l’Union européenne (article 63 [2] et 106 du TFUE [3]).

- notre appartenance à la zone euro qui réduit notre compétitivité. Selon le FMI l’euro est trop fort de 6% pour la France et trop faible de 15% pour l'Allemagne [4]. Ce qui revient à dire en gros que pour un même produit l’écart de compétitivité entre la France et l’Allemagne est de 21% ! D’où les mesures de finances publiques que dénoncent les syndicats mais aussi l’UPR qui elle pointe bien le problème de l’euro [5] (20 milliards d’euros c’est le montant du CICE versé aux entreprises en 2018 [6]) car pour être compétitif, ne pouvant dévaluer la monnaie, les gouvernements successif détricotent nos acquis sociaux issus du CNR.

- que la réforme des retraites est inscrite dans les Grandes Orientations de Politique Économique (GOPÉ) fixées par la commission européenne tous les ans [7].

- la destitution de Macron comme le propose l’UPR depuis plus de 2 ans maintenant [8].

Jean Lévy (militant associatif et politique [9]) pose publiquement la question aux milliers de communistes, toujours membres du parti :

« L’offensive antisociale n’est-elle qu’ « hexagonale », ne touche-t-elle que la France ? Bien sûr que non. De Madrid comme de Rome, de Lisbonne comme de Bruxelles, de Lisbonne ou d’Athènes montent les mêmes clameurs des travailleurs contre les plans d’austérité mis en place dans les 27 Etats de l’Union européenne. »

« Pourquoi ce silence de votre part ? Pourquoi cette absence de référence à l’Europe dans vos analyses, vos débats intérieurs, vos réunions publiques ?
Seulement ainsi nous gagnerons la bataille
 ! » [10].

 

La réponse simple : les grands syndicats (à part Sud) sont financés par l’Union européenne [11].
D’ailleurs les gilets jaunes ont bien compris ce double jeu des syndicats en les court-circuitant : aucune grande conquête sociale depuis ces 15 dernières années ! Conquêtes justement obtenues alors que la France était libre et souveraine !

Pourtant c’est bien Bruxelles qui impose l’austérité, je donne ici juste l’exemple des hôpitaux publics [12]. Macron fait semblant de compatir quand il est devant les infirmières, mais il s’aplatit devant Bruxelles : il a fait 2,6 milliards d’économies sur le budget des hôpitaux exigé par les GOPÉ [13].

La commission européennes se moque bien des manifestations : les Grecs en ont fait plus de 20 000 et ils sont ruinés [14]. L’austérité a engendré une profonde récession (-25% du PIB en cumulé sur six ans !), une extrême pauvreté, du chômage de masse, des suicides et une douzième baisse des pensions de retraite validée par … la gauche radicale, celle de Tsipras qui avait le même programme que Mélenchon mais incompatible avec les traités européens ultra-libéraux, ce dernier se garde bien d’expliquer que pour modifier ces traités européens il faut l’unanimité des 27 états membres ce qui n’arrivera jamais, jamais il n’y aura 27 Mélenchon, ou 27 Le Pen ou 27 Jadot à la tête des 27 états membres de l’Union européenne. Que ferait Mélenchon si la BCE décide de couper une partie des vivre aux banques françaises exactement comme elle l’a fait en Grèce [15] ?

Si nous ne sortons pas de l’Union européenne nous finirons comme les Grecs car prôner « une Europe sociale », à part la gauche européenne, plus personne n’y croit ! Désobéir aux traités européens, ne changerait en rien le contenu des traités qui continueront à s’appliquer car la primauté du droit européen sur les droits nationaux est absolue [16].

Chacun des adhérents ou sympathisants de l’UPR sera donc libre d’aller manifester, à titre personnel j’y serai et ceux qui iront véhiculeront ce même message, celui de l’étape du Frexit, car se tromper de cible nous ferra rater nos objectifs de sauvegardes des services publics et de notre industrie, de relocalisations, du pouvoir d’achat et de l’emploi. Les promesses de Maastricht n’ont pas été tenues et le référendum de 2005 bafoué par Sarkosy avec l’aide des socialistes n’a jamais été digéré, les gilets jaunes l’ont relevé. L’Union européenne ne sert à rien et ne nous protège de rien, les rachats d’entreprises par des pays étrangers, ainsi que la crise du Covid l’ont démontré.

Il est encore temps de se relever.


 

 

Patrice Cali

Responsable national en charge du secteur public et membre du bureau national de l'UPR

Source : https://www.upr.fr/actualite/manifestations-du-jeudi-17-septembre-manifester-ne-sert-a-rien-si-lon-ne-reclame-pas-dabord-le-frexit/


 

[1] https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/08/28/sept-organisations-syndicales-appellent-a-une-journee-de-greve-le-17-septembre_6050236_3234.html

[2] https://uprenbref.fr/videos/77-d-ou-viennent-les-delocalisations-et-l-evasion-fiscale-et-comment-l-interdire

[3] https://bit.ly/2FfwRQ6

[4] https://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/08/03/20002-20160803ARTFIG00126-l-euro-est-trop-fort-de-6-pour-la-france-et-trop-faible-de-15-pour-l-allemagne-selon-le-fmi.php

[5] https://www.upr.fr/conferences/la-tragedie-de-leuro/

[6] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/01/09/pme-ou-entreprises-du-cac-40-qui-beneficie-des-20-milliards-du-cice_5406893_4355770.html

[7] https://www.upr.fr/actualite/fin-de-la-plaisanterie-mediatique-du-barrage-a-macron-lors-des-elections-europeennes-la-politique-economique-et-sociale-de-la-france-pour-2019-2020-est-sortie/

[8] https://www.upr.fr/article-68-le-dossier-sur-la-destitution/

[9] https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=auteurs&obj=artiste&no=1128

[10] http://www.comite-valmy.org/spip.php?article935

[11] https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/confederation-europeenne-de-syndicats-commission-europeenne-depense-millions-deuros-financer-syndicats-pro-ue/

[12] https://www.upr.fr/actualite/comment-et-pourquoi-lhopital-public-francais-est-il-en-train-detre-detruit-dossier-etabli-par-hippocrate-et-la-commission-sante-de-lupr/

[13] https://bit.ly/2WZEro9

[14] https://www.humanite.fr/en-grece-plus-de-20-000-manifestations-en-quatre-ans-dausterite-522790

[15] https://www.challenges.fr/monde/europe/pourquoi-la-decision-de-la-bce-contre-les-grecs-est-un-coup-de-force-historique_83189

[16] https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=LEGISSUM:l14548

 


 

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